Diouma, une femme de son temps
Cette jeune chanteuse vient de sortir son premier EP. Nouvelle venue sur la scène musicale française, entre soul et rock, Diouma est la révélation de ce début d’année : mélodies bien charpentées, arrangements soignés, textes personnels et surtout une voix à tomber.
Tout début de carrière, donc, pour cette chanteuse dont les chansons, en français le plus souvent, évoquent l’Ouest de l’Afrique, où elle a passé la moitié de sa vie. Née à Paris, Diouma est repartie au Sénégal, pays de ses parents. Alors qu’elle avait 4 ans, elle pensait y aller pour des vacances, mais c’est un aller-simple qu’a voulu son père, pour elle, ainsi que ses frère et sœur. Les enfants seront donc élevés dans la famille, loin de leurs parents.
Diouma trouve enfin sa « voix »
De retour à Paris, son bac scientifique en poche, Diouma entame des études de médecine mais, loin des siens, elle doit s’assumer seule. Elle se dirige alors vers les métiers du son, puis la création musicale. Pour elle, chanter est essentiel. Depuis longtemps.
Son projet de disque, débute fin 2015, avec quelques concerts dans le Val d’Oise, où elle habite, et à Paris, entre autres au Réservoir, au Mama Shelter, à la Halle aux Oliviers de la Bellevilloise. Elle fait aussi la Scène Berry au dernier Printemps de Bourges et participe à l’Espace Guinguette du festival Solidays. Maintenant, elle travaille avec un guitariste, un bassiste et un batteur. Diouma écrit ses textes et chante. Pour cet EP acoustique, ces textes autobiographiques témoignent des épreuves passées.
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Résilience
De cette forme d’exil qui dure jusqu’à ses 17 ans, Diouma ne regrette rien aujourd’hui. Reste la morsure du temps, parfaitement restituée dans certaines de ses chansons. Séparations, déchirures, humiliations sont autant de souffrances relatées dans des textes très personnels qui parlent aussi d’émancipation. Pas facile d’être une femme dans les sociétés patriarcales ! À ce titre, elle a participé à l’élaboration de la chanson « Toujours debout », dans le cadre de la dernière Journée contre les violences faites aux femmes.
Diouma fait bien de dénoncer les clichés et de briser le silence. D’ailleurs, elle montre une grande maturité vocale et un grand sens du rythme. Avec « le Temps perdu… est perdu », la jeune femme tient un vrai tube : voix qui accroche l’oreille, mélodie addictive. « Le chant des émotions » vous tord les tripes. Sans doute le plus beau texte, sincère, profond. Et quelle magnifique composition !
Sincère et profond
Quant à « L’ombre dans ma lumière », la chanson dénonce le poids de la religion. Ange ou démon Diouma ? Avec ses mots qui claquent, « Cette petite voix » évoque les quêtes qui tournent mal, celles qui en font virer certains en voyous. En bonus track, la reprise de ce morceau, initialement très rock, est encore plus percutant.
Enfin, « le Temps est une femme », qui a inspiré le titre de l’EP, est plus profond qu’il n’en a l’air. « Mes humeurs me jouent des tours, je suis à bout » traitent des troubles hormonaux. Façon, pour elle, de revendiquer sa féminité et d’inciter au respect des femmes. Et ça pulse. Le morceau est top !
Sur la pochette de son disque, comme dans des starting-blocks, face à cette pendule d’une autre époque, elle semble d’ailleurs prête à tous les défis. Non, rien ne pourra plus arrêter Diouma, désormais en marche vers le succès ! Elle est bel et bien une femme de son temps, engagée, active, avec plein de projets en cours. À suivre de près, donc.
Sarah Meneghello
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